Pour cette première édition du Festival de Tango Buenos Aires en Perche, nous avons le plaisir d’accueillir la maestra Victoria Vieyra qui, aux côtés des plus grands danseurs participa au renouveau du Tango, en Argentine et à Paris, à la fin des années 90.
La passion tango
Formée à la danse classique et contemporaine à Buenos Aires, Victoria découvre le tango à l’âge de 20 ans, de façon totalement fortuite. A l’époque, elle est contactée par un chorégraphe qui lui demande de participer à une émission télévisée, pour laquelle elle doit s’initier à cette danse dont elle ne connaît rien. L’Argentine est alors en quête de ses racines et connaît une résurgence de la culture traditionnelle. En professionnelle, elle se plonge dans les milongas porteñas dans le but d’approfondir ce monde du tango.
« J’ai été complètement happée, raconte Victoria dans une interview donnée il y a quelques années à RFI. Je pénétrais dans un autre temps, avec d’autres manières, d’autres codes, une autre identité. Et c’était un univers inconnu pour moi dans mon propre pays et dans ma propre ville. »
Elle devient la partenaire de Fabian Salas, Mariano « Chicho » Frúmboli qui contribuèrent à moderniser le tango, à force d’expérimentations, et à en diffuser la pratique dans le monde entier.
En 1998, elle s’installe à Paris, devient la partenaire de Pablo Veron, avec qui elle dansera à la Maison Blanche devant Bill Clinton. Elle crée des chorégraphies et danse pour Gotan Project, dont la rythmique contemporaine parle, alors, à Victoria. Devenue une maestra renommée, elle parcourt le globe, afin de transmettre sa passion du tango, à travers ses cours et ses spectacles.
Tango, révolutionnaire et réactionnaire
Du tango, Victoria dit volontiers qu’il est révolutionnaire. Car si le contact physique est une tradition des danses argentines, il faut s’imaginer que dans les années 40, à l’âge d’or du tango, le danser signifiait aller dans une milonga et se retrouver dans les bras d’un inconnu.
Mais il y a aussi du « réactionnaire » dans le tango. Car la femme se laisse aller. Le temps d’une tanda, soit une dizaine de minutes, elle donne à son partenaire toute sa confiance. A travers l’abrazo, l’écoute de la musique et des intentions de son partenaire, elle semble s’abandonner. Et dans ce même temps, elle crée pour elle-même un espace de liberté, en improvisant de ses pieds des parures qui confèrent au tango sa grâce infinie.
Révolutionnaire et réactionnaire, cette apparente contradiction se résout dans l’équilibre que trouve le couple en mouvement.
La pédagogie de Victoria Vieyra
Parvenir à cet équilibre du couple, c’est ce que Victoria cherche à transmettre à travers ses cours. En explorant les éléments fondamentaux du tango – conscience et liberté dans le mouvement, importance des appuis dans le sol et torsion, posture, intension, précision rythmique et finesse d’écoute – Victoria invite chacun, homme ou femme, à renforcer son rôle dans ce dialogue de la danse.
Au programme de cette première édition de Buenos Aires en Perche, Victoria Vierya donnera trois cours de tango, milonga et valse tango, samedi 14 septembre après-midi dans la salle Octave Mirbeau, et deux cours supplémentaires le dimanche 15 septembre en matinée. Elle proposera également une démonstration avec le maestro Ricky Barrios, lors de la milonga organisée le samedi soir.